Publié le 07.05.2024

Espèces menacées : quel est le rôle des chercheurs ?

Les espèces menacées ou en voie de disparition sont un sujet majeur dans notre société. Les chercheurs font partie des principaux acteurs qui interrogent les menaces qui pèsent sur ces espèces et participent à leur protection, dans l'espoir de limiter la destruction de la biodiversité.

État des lieux

Une espèce est un groupe d'êtres vivants qui se ressemblent, peuvent se reproduire entre eux et avoir des descendants fertiles et viables. Selon Guillaume Lecointre, systématicien et professeur au MNHN, c'est plus précisément un segment généalogique unitaire.

44 000espèces sont menacées d'extinction, soit 28 % des espèces évaluées.

189espèces ont disparu ou se sont éteintes en France.

17 367espèces ont été évaluées dans le cadre de la liste rouge nationale française des espèces menacées.

16 %des espèces en France sont menacées, soit presque 3 000.

2 millionsd'espèces ont été découvertes dans le monde aujourd'hui, dont 10 % sont présentes en France.

Quelles sont les menaces en cause ?

  • Les activités humaines
  • La destruction des habitats
  • Les pollutions (chimique, sonore ou visuelle)
  • La surexploitation des espèces
  • La chasse
  • Le braconnage
  • Les changements climatiques
  • L'introduction d’espèces pouvant devenir envahissantes

Quelles sont les solutions ?

  • Préserver les habitats (qui est une des premières menaces en France)
  • Accompagner la société vers un mode de vie plus sobre
  • Approfondir les connaissances sur certains groupes d’espèces
  • Poursuivre le développement de la Liste rouge
  • Sensibiliser le grand public et les décisionnaires
  • Proposer des actions de conservation et de réintroduction

La recherche au cœur des enjeux de protection

De nombreux domaines de recherche sont nécessaires pour informer sur les populations d'espèces menacées, les protéger et trouver des solutions concrètes. Parmi les actions mises en place pour participer à la sauvegarde des espèces, on retrouve la taxonomie, la reproduction pour les espèces en captivité, la réintroduction en milieu naturel, la reconstruction des habitats... 

La taxonomie et la génétique des populations, bien souvent pratiquées par des écologues et des biologistes, sont indispensables pour identifier et classifier les espèces. Ces données permettent d'informer et d'alerter si besoin sur l'évolution d'une espèce.

La physiologie de la reproduction et la biologie du comportement sont importantes pour les espèces maintenues en captivité, dans le cadre d'une potentielle réintroduction en milieu naturel. Des recherches en cryogénie, c'est-à-dire la préservation par le froid, des gamètes et des embryons sont menées pour la reproduction des espèces à faible effectif.

Dans les parcs zoologiques qui participent à la conservation des espèces, des recherches vétérinaires sont obligatoires, en particulier sur les pathologies, l'épidémiologie et l'alimentation.

Les recherches en biologie évolutive et en éthologie permettent d'étudier le comportement des espèces animales.

La biologie de la restauration cherche à réparer les écosystèmes détériorés par l'activité humaine, tandis que la biologie de la conservation se focalise sur la prévention de la dégradation.

En parallèle, les recherches en muséologie ont pour objectif de sensibiliser et d'éduquer le grand public à la préservation de la biodiversité.

Le saviez-vous ?

Au Muséum national d'Histoire naturelle, sous tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, se trouve une ménagerie. Connue pour y abriter de nombreux animaux et végétaux, c'est plus précisément un lieu de recherche scientifique qui participe à des programmes de recherche, notamment dans le cadre de la conservation des espèces.

 

Quelles sont les espèces préservées au MNHN ?​​​​

La liste rouge des espèces menacées

Consulter la liste rouge nationale

Consulter la liste rouge mondiale

La liste rouge établit, à un niveau mondial, le degré de menaces qui pèsent sur l'ensemble des espèces. Ces indications permettent de :

  • suivre l'évolution des populations ciblées ;
  • proposer des solutions prioritaires pour protéger la biodiversité ;
  • sensibiliser le grand public.

Elle propose trois principaux critères de classification, qui sont la taille de la population, le taux de déclin et la taille de l'aire de répartition géographique.

En France, la liste rouge nationale existe depuis 16 ans. Elle est élaborée par le Comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et l’unité PatriNat composée du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), de l’Office français de la biodiversité (OFB), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Institut de Recherche et de Développement (IRD). De nombreux acteurs de la recherche participent donc à l'élaboration de ce programme.

La protection des espèces menacées est un sujet qui prend de l'importance, même si ce qu'il faudrait faire est plus intense. On a quantifié à partir des données de la liste rouge les menaces en cours. Ce qu’on voit c’est que dans l’Hexagone c’est vraiment la disparition des habitats qui reste la première problématique. C’est la transformation et les changements des pratiques agricoles, la pollution, le développement urbain et résidentiel, en plus du changement climatique et l'introduction d'espèces qui posent des problèmes. 

Guillaume Gigot, écologue et ingénieur, responsable de la Cellule Conservation à l'Office français de la biodiversité, coordinateur de la liste rouge des espèces menacées

 

En savoir plus sur la liste rouge 

Plus largement, il existe une convention nommée la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. C'est un accord international entre États qui veille à ce que le commerce international des spécimens d'animaux et de plantes ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent.